Le bilan orthoptique étudie à la fois les éléments moteurs et les éléments sensoriels du strabisme, c’est-à-dire les mouvements des yeux, la vision monoculaire et la vision binoculaire (les deux yeux ensemble).
Le bilan est personnalisé en fonction du type de strabisme, de l’âge du patient, et de sa finalité (bilan diagnostique, bilan pré-opératoire, bilan postopératoire, …).
Dans le cadre de la prise en charge des strabismes, le travail orthoptique a pour but d’améliorer l’acuité visuelle (rééducation de l’amblyopie), ou de mieux contrôler l’angle du strabisme (rééducation du strabisme).
Rééducation orthoptique
La rééducation de l’amblyopie n’est possible que chez les enfants dont l’âge n’est pas trop avancé. En pratique, plus la prise en charge est précoce, plus la récupération visuelle est rapide. Globalement, il convient de faire travailler l’œil le plus faible en cachant ou en pénalisant l’œil le meilleur. On peut utiliser pour cela un cache totalement occlusif ou un filtre plus ou moins transparent. Lorsque la vision des deux yeux devient équivalente, il convient habituellement de prolonger le traitement et la surveillance encore quelques temps pour éviter une rechute de l’amblyopie.
Certains strabismes peuvent être améliorés par la rééducation orthoptique. C’est le cas notamment des strabismes divergents dont l’angle n’est pas trop important. L’orthoptiste pourra renforcer les capacités binoculaires et développer les mécanismes de convergence et de fusion qui permettent de contrôler l’angle du strabisme.
L’orthoptiste peut aussi proposer des stratégies visant à lutter contre une vision double, notamment l’adaptation de prismes qu’on pourra intégrer aux verres de lunettes. Cela est souvent nécessaire dans le cadre des strabismes d’origine neurologique ou traumatique, dans l’attente d’une amélioration spontanée ou d’une solution chirurgicale.
Orthoptie et chirurgie des strabismes
Un ou plusieurs bilans orthoptiques sont nécessaires avant une opération chirurgicale. Il s'agit d'étudier au mieux l'angle du strabisme, qui sert de base au dosage chirurgical. La possibilité de récupérer une vision binoculaire après l'opération est aussi appréciée, de même que les risques de diplopie. Il peut être intéressant de multiplier le nombre de bilans orthoptiques préopératoires, notamment lorsque l'angle varie, selon la fatigue ou selon les jours, ou lorsque le strabisme est évolutif, comme dans les cas de paralysies oculomotrices.
Lorsque cela est possible, la consultation spécialisée et le bilan orthoptique sont réalisés le même jour, notamment en cas d’éloignement géographique du patient. Cela permet une réelle personnalisation de ce bilan, en fonction des données ophtalmologiques, orthoptiques, et de la coopération entre les deux professions. Cette coopération permet aussi de définir la prise en charge orthoptique postopératoire, c'est-à-dire l'accompagnement des suites opératoires par l'orthoptiste.
Le Dr Spielmann enseigne la Strabologie à l’école d’orthoptie Paris VI / Sorbonne Université (Hôpitaux des Quinze-Vingts et Pitié-Salpétrière). Il intervient régulièrement comme orateur dans les congrès d’orthoptie.
